samedi 9 mars 2019

Cet étrange nazi qui sauva mon père, l'odyssée du baron von Hoiningen

François Heisbourg, Cet étrange nazi qui sauva mon père, l'odysée du baron von Hoiningen, Paris : Stock, 2019

Quatrième de couverture : "C’est à un mystère que s’attelle ici François Heisbourg, relatant le parcours de l’étrange baron Franz von Hoiningen. Cet officier allemand qui traverse deux guerres mondiales, s’engage spontanément dans le parti nazi, puis sauve des centaines de Juifs et de résistants – dont le père de l’auteur –, qui s’évade d’Allemagne avec la Gestapo aux trousses après avoir été « mouillé » dans le complot contre Hitler, finit son odyssée dans les bras de sa femme au Luxembourg et disparaît de tous les écrans radar. Au point que ce récit aurait pu s’appeler  « L’homme sans visage », tant il a été difficile de trouver une trace photographique de lui. Qui était-il ? Comment passe-t-on à un moment donné du mal au bien ? Quelle est l’alchimie de cette « banalité du bien » ?"

L'ouvrage commence par la fuite et l'exfiltration du baron von  Hoiningen en 1944. Cet officier nazi a été déchu de ses droits militaires depuis qu'il a été dénoncé pour avoir critiqué Hitler et sa façon de mener la guerre.  

François Heisbourg a tenté de le faire reconnaître "Juste parmi les nations" et d'obtenir un nom de rue au Luxembourg mais cela n'a pas abouti. En effet, le baron a sauvé de nombreux Juifs avant que ne soient appliquées les lois contre les Juifs au Luxembourg. Le baron les a envoyés par convois au Portugal ou en Espagne pour qu'ils puissent rejoindre les Etats-Unis. L'auteur précise que contrairement aux autres nazis, le baron von Hoiningen était "animé par des mobiles humanitaires et malgré les risques encourus". Ce dispositif s'arrêtera à l'automne 1941, les Juifs seront alors systématiquement envoyés dans les camps de la mort. 

Georges Heisbourg, le père de l'auteur, était contre l'occupation allemande au Luxembourg et défenseur de la dynastie grande-ducale. Il est arrêté, torturé, mis dans un camp de travail puis relâché. Le baron von Hoiningen lui facilite son passage en France où il restera jusqu'à la fin de la guerre. Il participera à la Résistance auprès de grands personnages de l'Histoire de France comme l'Abbé Pierre. 

Dans la première partie, François Heisbourg, décrit le parcours d'un noble allemand ordinaire : soldat pendant la Première Guerre Mondiale, blessé au front puis mis au placard. Il se marie avec une Luxembourgeoise. En 1933, il prend sa carte au parti nazi. Il essaye à plusieurs reprises de réintégrer l'armée mais sans succès, jusqu'au jour où le front est ouvert en Europe de l'Ouest. Etant blessé de guerre, il est surtout dans la bureaucratie. Au début du conflit, il fournit des informations puis il a accès aux laissez-passer. Cette première partie est très dense. François Heisbourg évoque un nombre important de personnages influents durant cette période. Il décrit également la répression des Juifs pendant l'Occupation du Luxembourg. Le baron va être emprisonné à cause de ses propos contre Hitler. Il est  protégé par un médecin qui le fera hospitalisé plutôt qu'emprisonné. Il doit prendre la fuite lorsque la Gestapo veut le remettre en prison. On peut dire que le baron a bénéficié de son réseau pour être protégé, cela n'a pas été le cas pour tous les militaires opposés à Hitler.  Finalement, on en apprend peu sur le baron lui-même. 

C'est en deuxième partie que l'on comprend pourquoi. Le baron est resté silencieux sur la guerre comme la plupart des Luxembourgeois. Sa famille a fait blocus pour transmettre des informations à l'auteur. De plus, il y existe peu d'archives sur le baron. J'ai beaucoup apprécié cette partie qui concernait le travail de recherche de l'auteur. La géopolitique du Luxembourg pendant la période est également développée. De part sa position le Luxembourg est en contact direct avec l'Allemagne et la France, son Histoire est liée à celle des deux autres pays. 

La dernière partie évoque la "banalité du mal" (Hannah Arendt) dans une section intitulée "La banalité du bien". C'est une partie beaucoup plus philosophique qui m'a moins intéressée. 

Sur la construction de l'ouvrage, j'aurais préféré que l'auteur intègre au fil du récit sa deuxième partie dans la première partie.  Son style est agréable à lire. Finalement, cet ouvrage porte plus sur la Seconde Guerre Mondiale et le sort des Juifs au Luxembourg, que sur le baron von Hoinengen et le père de l'auteur. 

Merci aux éditions Stock et à Babelio


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