Leonardo Padura, Hérétiques, Paris : Le cercle Points, 720 pages, 2016
Présentation de l'éditeur : "Disparu dans le port de La Havane en 1939, un Rembrandt est repéré dans une vente aux enchères à Londres. Propriété de sa famille dès le XVIIe siècle, le tableau a une valeur inestimable pour Elías Kaminsky. Il lui rappelle le destin tragique de ses aïeux, déportés alors qu’ils tentaient de rejoindre Cuba. Qui mieux que le désabusé Mario Conde pourrait partir sur les traces du chef-d'oeuvre ?"
Hérétiques est un roman divisé en trois histoires différentes mais en réalité, elles sont étroitement liées.
Le Livre de Daniel, se déroule à la Havane autour de 1939. Daniel a été envoyé à Cuba chez son oncle en raison de la répression que subissent les Juifs en Pologne. Le petit garçon attend que ses parents et sa soeur le rejoignent mais le bateau sensé les débarquer à la Havane est renvoyé vers l'Europe. Les parents de Daniel transportaient avec eux un tableau de Rembrandt, il disparaît mystérieusement dans la nature suite à cet événement. Les proches de Daniel ne survivront pas à l'Holocauste. Daniel construit sa vie en rejetant sa judéité, ses racines jusqu'au jour où il se trouve à nouveau face au tableau de ses parents. Des années après, Elias son fils vient à Cuba à la recherche du passé de son père. Il embauche l'ancien flic Mario Conde pour trouver des réponses au départ précipité de son père de Cuba vers les Etats-Unis dans les années 50. Elias cherche également à retrouver la trace de ce tableau de Rembrandt.
J'ai particulièrement apprécié cette partie car elle évoque l'histoire politique cubaine, la vie quotidienne des Cubains et notamment des Juifs cubains entre 1939 et 1960.
Ensuite, la seconde partie intitulée le livre d'Elias est consacrée au jeune Elias juif hollandais qui apprend à peindre auprès de Rembrandt à Amsterdam. Cependant, le jeune homme va à l'encontre des principes de sa communauté car peindre est interdit par la religion. Leonardo Padura détaille la vie quotidienne des Juifs à Amsterdam au XVIIème siècle où la plupart pratique l’hérésie et se cache derrière des principes religieux. L'auteur décrit le rapport entre Elias et la peinture. L'apprenti est doté d'un don artistique qu'il ne peut pas s'empêcher d'exprimer. J'ai moins aimé cette partie, la lecture m'a semblé plus longue.
Dans le Livre de Judith, c'est un retour à Cuba, de nos jours. Judith dite "Juddy" est une "emo" sorte de gothique dépressive et sensible. Or, cette jeune fille disparaît du jour au lendemain. Mario Conde est sollicité par un membre de la famille d'Elias Kaminsky pour la retrouver. Cette affaire a un lien avec les deux précédents livres. Cette enquête dépasse complètement l'ancien flic. L'auteur focalise son récit sur la vie personnelle de Mario Conde mais dénoue les fils de l'intrigue. Le final est proposé dans une Genèse.
Le sens donné à hérésie dans ce roman n'est pas seulement religieux. En effet, il a un sens dans la vie de chaque protagoniste, du jeune Juif au peintre, du Cubain à l'Américain, il laisse à réfléchir. Le choix du titre reflète bien l'ensemble du roman.
Merci aux éditions Le Cercle Points
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire