samedi 27 juin 2015

Ceux de Billancourt de Laurence Bagot

Laurence Bagot, Ceux de Billancourt, Ivry sur Seine : les éditions de l'Atelier, 179 pages, 2015.


Quatrième de couverture : "Ce livre fait entendre des voix rarement écoutées. Dix ouvrières et ouvriers de Renault-Billancourt se souviennent de l’île Seguin, le berceau de Renault, « la forteresse ouvrière ». Venus d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, de Côte d’Ivoire, d’Italie, de banlieue et d’ailleurs, ils racontent l’arrivée à Paris, l’embauche, la recherche d’un logement, les cadences, la fierté, la révolte, l’épuisement, l’action syndicale, les brimades, la solidarité, le cœur de leur métier. Leur travail. L’usine de Billancourt a fermé ses portes en 1992. Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes y ont passé une partie de leur vie. Qu’en reste-t-il ? Des ouvriers et employés se confient, à voix nue. Leur passé est étonnamment présent. Ils disent l’ineffaçable trace de cette vie d’usine et de bureau dans leur existence."

Cet ouvrage présente les témoignages d'ouvriers qui ont travaillé à l'usine Renault-Billancourt avant sa fermeture en 1992. Suite à une campagne photographique réalisée par Laurence Bagot qui a donné lieu à une exposition, elle a souhaité publier leurs témoignages.

Ce que l'on retient surtout de ce livre, ce sont les conditions de travail extrêmement difficiles et la différence de traitement entre un ouvrier spécialisé (OS) et un ouvrier qualifié (P1, P2, P3, P4). Plusieurs ouvriers venant de l'étranger nous racontent leur parcours chaotique pour arriver en France. On comprend très vite qu'un OS étranger aura du mal à progresser dans sa carrière face à un ouvrier né en France. Seul, l'un d'entre eux a réussi à passer "de la chaîne au bureau", ce qui est en soi une prouesse.

L'alcool est un "fléau" dans le milieu, plusieurs ouvriers le mentionnent. L'usine est souvent comparée à une "ruche" ou à une "ville chinoise". Un bon nombre d'ouvriers se sont engagés dans le syndicalisme. Une des ouvrières qui a travaillé précise que son engagement dans un syndicat n'a pas été compris ni accepté par sa direction. Son expérience en tant que secrétaire au Pool, sorte de fourmilière composée uniquement de femmes qui tapent à longueur de journée sur une machine à écrire, est intéressante. Elle évoque aussi l'évolution de la machine à écrire vers l'ordinateur qui n'a pas été sans difficulté pour s'y adapter. 

L'un des ouvriers a travaillé un moment dans la fonderie de Billancourt, surnommée "la fournaise". Les ouvriers étaient alors exposés à des particules de poussières métalliques qui se collaient aux parois de leurs poumons. Le travail était très dangereux, synonyme d'accidents mortels minimisés par la hiérarchie. Il existait également une solidarité entre les ouvriers qui se soutenaient mutuellement en cas de maladie ou tout autre problème au sein de l'usine. 

Dans cet ouvrage, il manque les photos des ouvriers, j'aurais souhaité mettre un visage sur les témoignages et voir quelques photos de l'usine. C'est à mon sens, le seul point négatif. Ce livre intéressera particulièrement les passionnés d'histoire sociale et d'histoire du mouvement ouvrier. C'est l'image d'une époque révolue en France mais qui fait partie de son Histoire.









Un blog est consacré au livre et aux ouvriers : http://www.ceuxdebillancourt.com/



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